Hyperconnexion : quelles bonnes pratiques pour garder le contrôle ?

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Suite à l’adoption de la loi travail en 2016, les entreprises multiplient les chartes de déconnexion, sans toujours parvenir à faire évoluer les habitudes des salariés, parfois en difficulté pour « débrancher ». Alors, comment ne pas se laisser happer par l’hyperconnexion ?

 

1. Un horaire après lequel on ne répond plus aux sollicitations assure la déconnexion.

Vrai et Faux !

Bien que cette limite soit artificielle, elle peut être tout à fait efficace pour nous permettre de déconnecter. En revanche, forcer la déconnection peut être anxiogène dans certaines situations. Par exemple, la veille d’une échéance importante ou lorsqu’on attend une information pour pouvoir avancer sur un dossier, le fait de s’interdire un coup d’œil sur sa boite mail peut paradoxalement augmenter notre préoccupation pour le message attendu. Si s’interdire de se reconnecter engendre des vécus négatifs, nous pouvons malheureusement être amenés à renoncer complètement à cette habitude, plutôt que d’y faire une entorse exceptionnelle.

2. Apporter des réponses rapides aux mails de ses interlocuteurs est le meilleur moyen de se délester de sa charge mentale.

Faux !

La réactivité est plébiscitée par les entreprises et les salariés intègrent de plus en plus cette valeur dans leurs pratiques professionnelles. Cependant, ceci peut conduire à envoyer ou répondre aux emails trop rapidement. Le risque peut être de ne pas avoir maîtrisé le ton du message et de s’inquiéter de sa réception par l’interlocuteur. D’autres fois, nous oublierons des informations clés, allongeant et complexifiant la chaîne des réponses. Il peut donc être intéressant de mobiliser la fluctuation naturelle de l’attention au cours de la journée. Par exemple, il est possible de rédiger les emails importants au moment où la concentration est à son maximum, puis de les finaliser seulement après avoir alterné avec une autre tâche, un autre sujet ou une pause afin de maximiser son efficacité.

3. Faire une to do list peut être un frein à la déconnexion.

Vrai !

Le recours à la to do list peut être intéressant pour gérer sa charge mentale et s’assurer de ne rien oublier. Cependant, le fait de constater en fin de journée que certaines tâches planifiées n’ont pas été réalisées peut être culpabilisant et empêcher de « débrancher » une fois arrivé à la maison. La to do list doit donc être rédigée le soir avant de quitter le travail plutôt que le matin. On peut également la construire sous la forme d’un tableau comprenant différents axes, l’urgence et l’importance étant les facteurs les plus courants. Il est possible de construire sa to do list à partir d’autres critères afin d’alterner les tâches en intelligence avec nos cycles naturels d’attention et de se déculpabiliser au maximum :

  • le plaisir ou le déplaisir procuré par la tâche ;
  • l’évaluation ou non par un supérieur hiérarchique ;
  • l’existence ou non d’une deadline ;
  • le fait d’être la seule personne de l’équipe à même d’effectuer la tâche ou non.

Il peut également être intéressant de décomposer les missions importantes en sous-tâches afin de diminuer la charge mentale.

4. Le télétravail augmente la perméabilité entre vie privée et professionnelle.

Vrai !

Le télétravail permet aux entreprises de diminuer les coûts en minimisant la surface des locaux à grande échelle, tout en permettant plus de flexibilité aux salariés. Cependant, de nombreux collaborateurs peuvent avoir encore plus de mal à se déconnecter lorsqu’ils travaillent depuis leur domicile. Ainsi, on veillera au maximum à éviter les pièces « intimes » de la maison pour s’installer, comme la chambre, et à ranger les dossiers, l’ordinateur et le téléphone afin d’éviter toutes les stimulations qui pourraient faire penser au travail une fois la journée terminée (voir la question 1 en ce qui concerne les horaires limites). Enfin, il peut être utile de se fixer un rituel de communication avec son manager/ses collègues (appel en début ou fin de journée) pour assurer la fluidité du travail et se décharger des éventuels doutes que l’on pourrait avoir concernant la perception par les autres de notre professionnalisme.

En conclusion, la déconnexion nécessite de pouvoir prendre du recul sur ses pratiques professionnelles. Quel est mon état de fatigue actuel ? Cette fatigue est-elle générée par une forte charge de travail ou bien par le fait que les préoccupations liées au travail restent une fois la journée terminée ? L’inquiétude que d’autres me perçoivent comme n’étant pas suffisamment réactif ? Ou encore le sentiment de ne plus parvenir à faire le tri entre ce qui est pertinent ou non ? Il peut être utile de faire le point sur les causes et les effets de l’hyperconnexion afin de s’entraîner à déconnecter en temps utile.

 

Emma Pitzalis, Consultante

Retrouvez l’article sur le site des Éditions Tissot