De la QVT à la QVCT, qu’est-ce qui change vraiment ?

La QVCT : la Qualité de vie DANS le Travail
En 2020, en pleine crise COVID, la QVT (Qualité de Vie au Travail) a changé de nom. La QVCT (Qualité de Vie et Conditions de Travail) intègre ainsi la notion de Conditions de travail [1].
Pourquoi ? Pour inviter les employeurs, publics ou privés, à se préoccuper de la Qualité de Vie « dans le travail » plutôt que d’investir sur la Qualité de Vie « hors travail ».
Concrètement ? Ne pas se contenter d’installer un baby-foot dans la salle de repos, mais s’assurer aussi que les salariés puissent réaliser ce qui est attendu d’eux dans les meilleures conditions (moyens, objectifs, etc.) possibles.
C’est le plus difficile, car cela interroge le cœur de l’activité : les processus, l’organisation du travail, les moyens et objectifs, le management, la reconnaissance, la charge de travail, etc.
Un exemple : la charge de travail
Anticiper et réguler la charge de travail est central : lorsque les salariés expriment travailler « trop », ou quand les absences de longue durée pour « fatigue » se multiplient, l’organisation ne sait souvent pas trop quoi faire. Notamment parce que la charge de travail est une notion mal comprise, qui n’est pas seulement question de « quantité » mais aussi de « complexité »:
Je vais me plaindre d’avoir « trop de travail ». Il ne s’agit pas forcément ici d’horaires à rallonge, de nuits passées à bosser, mais ma fatigue est réelle et légitime. Je vais alors alerter ma hiérarchie, mais aussi compenser. Ce faisant, je vais passer deux messages : « ça ne va pas » (j’alerte), « mais ça va » (je compense). Mon chef va être perdu face à ce double message, retiendra ce qui est le plus rassurant : « ça va ». Le problème ne sera pas traité bien que tout le monde pense avoir fait ce qu’il faut.
Décrypter la réalité du travail, pour agir plutôt que réagir
Cette complexité à appréhender la charge devient très vite source d’incompréhensions et d’énergie perdue, pour les salariés, managers, RH et dirigeants, à essayer de résoudre un problème sans avoir bien compris de quoi il relève.
Une véritable politique de QVCT, c’est donc d’abord comprendre finement le travail, ce qui fonctionne bien et moins bien, comment les gens interagissent entre eux (la QVCT est affaire de relations, les négligences des uns faisant les difficultés des autres). Enfin : vérifier si ce qui est tenté pour résoudre les problèmes fonctionne, effectivement.
On se posera aussi d’autres questions essentielles : les personnes se sentent- elles reconnues ? La répartition de l’activité leur semble-t-elle juste ? Ont-elles l’impression d’apprendre ? etc.
Bref, agir sur la QVCT ne peut pas se faire sans comprendre le travail réel et les interactions humaines. C’est plus difficile que d’acheter un baby foot, mais c’est plus efficace dans la durée.
[1] Accord national interprofessionnel du 9 décembre 2020 relatif à la prévention renforcée et à une offre renouvelée en matière de santé au travail et conditions de travail : https://www.legifrance.gouv.fr/conv_coll/id/KALITEXT000043561903/ traduit quelques mois plus tard par la loi du 2 août 2021 (n° 2021-1018) pour renforcer la prévention en santé au travail : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFSCTA000043884447
Article rédigé par:
Adrien Fender
Manager Senior