Lorsque l’on parle de « psy », de qui parle-t-on réellement ?

Lorsque l’on parle de « psy », de qui parle-t-on réellement ? Sous cette appellation, on retrouve de nombreux professionnels de santé sans toujours savoir qui se cache derrière : les psychiatres ? les psychologues ? les psychothérapeutes ?

Tiphaine Ollivier, psychologue clinicienne chez Stimulus, fait le point sur ces métiers et leurs différences.

Qui sont les "Psys" ?

Tout d’abord, il faut savoir que les psychiatres, les psychologues et les psychothérapeutes travaillent, tous les trois, dans le soin et peuvent proposer un accompagnement basé sur la parole et la réflexion. Cependant chacun d’entre eux a sa propre spécialité.

Le psychiatre est un médecin qui est spécialisé en psychiatrie, il est donc habilité à proposer un traitement médicamenteux ainsi qu’à poser un diagnostic. Généralement, le psychiatre consulte en cabinet libéral ou en institution (Hôpital, CMP…) et prend en charge les troubles dits « psychiatriques » qui nécessitent des traitements et suivis spécifiques.

La prise en charge par un psychiatre est remboursée par la Sécurité Sociale. Sa profession ainsi que la pratique de la médecine sont régulées par le Conseil de l’Ordre des Médecins.

À la différence, le psychologue n’est pas un médecin. C’est une profession réglementée et le titre est protégé, c’est-à-dire qu’à la suite de ses études universitaires (Master 2), le psychologue reçoit un Diplôme d’Etat seulement si toutes les étapes de sa formation ont été validées (stages et mémoire de recherche).  Le titulaire du diplôme a obligation de s’inscrire auprès de l’Agence Régionale de Santé de son département pour faire usage de son titre de psychologue.

Il existe différents types de psychologues, et tous n’ont pas les mêmes spécialités :

  • le psychologue clinicien qui est formé dans l’accompagnement des difficultés psychologiques,
  • le psychologue du travail spécialisé dans les problématiques du monde du travail et des organisations,
  • les neuropsychologues prennent en charge les troubles liés au fonctionnement du cerveau,
  • et enfin les professionnels travaillant dans le milieu de la recherche sont ceux nommés sous le terme de psychologie  « sociale » et « expérimentale ».

Aujourd’hui, seul le psychologue clinicien est apte à prendre en charge les individus dans le cadre d’un suivi psychologique.

Le terme de « clinicien » prend racine dans le grec (« lit ») et peut se traduire comme celui qui est au chevet du malade.

Les psychologues, professionnels de l'écoute

Nombres d’idées reçues émergent autour du psychologue. Qui n’a pas la vision du professionnel confortablement assis dans son fauteuil qui émet des « hum, hum » réguliers lors des séances ? Ou alors de celui qui a réponse à tout ? De celui qui peut lire dans les pensées des autres ? Ces images peuvent avoir une part de vérité. Toutefois, lorsque la porte du cabinet se ferme, la réalité est différente.

Les psychologues sont des professionnels de l’écoute, ils travaillent sur l’accueil de la parole de l’autre dans un cadre de non-jugement et de bienveillance.

Cette écoute est dite « active », c’est-à-dire entendre l’autre, au-delà des mots purs. Les psychologues cherchent à mettre du sens sur ce qui est dit à travers la tonalité, l’émotion, et même ce qui n’est pas dit. Cela fonctionne grâce à l’observation et l’interprétation dans l’écoute. Le psychologue peut alors être dans une posture de compréhension de la problématique évoquée et ainsi accompagner au mieux la personne.

Cependant, l’écoute seule ne suffit pas, les psychologues vont aussi aller questionner la personne afin de saisir au mieux les difficultés évoquées. La consultation avec un psychologue est un échange entre deux personnes : la personne qui consulte et le psychologue.

Les psychologues ne sont pas experts de la personne dans sa singularité, de ce qu’elle peut vivre ou de ce qu’elle comprend de ses difficultés. Ils le sont sur le fonctionnement psychique. Les psychologues sont donc amenés à être dans une posture active auprès de l’autre : poser des questions, reformuler ce qui a été dit et émettre des hypothèses de compréhension.

Cet échange permet de s’inscrire dans une réflexion commune, dans un travail de collaboration. Imaginons deux personnes sur un tandem, si l’une des deux ralenti ou cesse de pédaler, l’autre ne pourra plus avancer. Le travail avec un psychologue est similaire : il est donc nécessaire de pouvoir se sentir à l’aise pour communiquer dans la bienveillance, et ainsi avancer dans un travail psychologique.

Le terme de travail peut paraître surprenant, cependant c’est bien de cela dont il s’agit lorsque quelqu’un est amené à consulter. Pour reprendre cette image du tandem : le vélo ne peut avancer que si les deux personnes pédalent ensemble et sont donc toutes deux actives. Les psychologues ne sont pas « magiciens » et n’ont donc pas de baguette magique. De la même manière qu’ils ne lisent pas dans les esprits, ils ne peuvent pas régler toutes les problématiques en une séance. Il s’agit donc de prendre le temps au travers de plusieurs entretiens, de comprendre la problématique dans toute sa singularité, et ensuite de pouvoir faire émerger des pistes de réflexion et éventuellement des solutions. Les psychologues n’ont pas pour rôle de conseiller la personne : chaque personne a son propre fonctionnement et sa personnalité. Il s’agit donc de trouver les meilleures réponses à sa problématique en fonction de cela.

Tiphaine Ollivier

 

Tiphaine OLLIVIER

Psychologue clinicienne